Épisode 1
Comment s’expliquent les écarts de salaire
entre femmes et hommes en France ?
Évolution moyenne des écarts
de salaire
Salaires journaliers nets
Tous salariés confondus
Des écarts qui se réduisent depuis 50 ans mais restent importants

En 2018, dans le secteur privé, pour chaque journée comportant au moins une heure de travail, les femmes gagnent en moyenne 59 € tandis que les hommes gagnent 78 € : les femmes gagnent donc en moyenne 24 % de moins que les hommes.Ce pourcentage est obtenu en rapportant l’écart de salaires entre les femmes et les hommes au salaire des hommes.

Si la situation s’est nettement améliorée depuis 1967 (à cette date, l’écart de salaires moyen s’élevait à 39 %), les écarts moyens demeurent encore très importants. Comment les expliquer ?

Évolution de la part des femmes
parmi les salariés
La part des femmes parmi les salariés a grandement progressé depuis 1967…

Le précédent graphique porte sur l’ensemble des postes travaillés à un moment donné dans l’année. Il intègre donc des situations très différentes : personnes travaillant toute l’année à temps complet, ou au contraire personnes travaillant par intermittence durant l’année.

La part des femmes parmi les travailleurs a très fortement augmenté depuis 50 ans, passant de 29 % en 1967 à environ 45 % en 2008. Depuis, cette part demeure très stable.

Évolution de la part de salariés
à temps partiel
Femmes
Hommes
… mais une part importante de femmes travaille à temps partiel

En revanche, le volume de travail est inégal entre les sexes. En 2018, les femmes représentent 45 % de l’ensemble des travailleurs du privé, mais seulement 39 % des travailleurs à temps plein.

En 1967, la part des femmes parmi les salariés à temps plein s’établissait à 27 %. Les femmes ont donc intégré le marché du travail en prenant, pour une partie, des postes à temps partiel.

Évolution moyenne des écarts
de salaire
Tous salariés confondus
Salariés à temps plein
Un écart salarial de 16 % entre femmes et hommes salariés à temps complet

Si les femmes sont surreprésentées parmi les temps partiels, leur salaire, tout temps de travail confondu, est logiquement inférieur à celui des hommes. Si l’on se restreint aux salariés qui travaillent à temps plein, donc le même nombre d’heures, l’écart salarial moyen entre les femmes et les hommes passe de 24 à 16 % en 2018.

Les écarts de volume de travail contribuent fortement aux écarts de salaire. Mais cette explication est partielle et ne tient pas compte du fait que les emplois occupés par les femmes et les hommes sont aussi souvent de nature très différente.

Quels sont les métiers exercés par les femmes et les hommes ? Quel est le rôle de cette répartition dans les écarts de salaire ?
Part du groupe socioprofessionnel
par sexe
Femmes
Hommes
Femmes et hommes sont présents au sein de groupes socioprofessionnels différents...

La nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles classe les individus selon leur situation professionnelle.
En 2018, on compte plus de 3 fois plus d’ouvriers chez les hommes (44 %) que chez les femmes (15 %). À l’inverse, les employés sont majoritaires parmi les femmes (48 %) ; et ils sont trois fois moins nombreux chez les hommes (17 %).

Écart de représentation et salaire moyen par groupe socioprofessionnel
… et ces groupes professionnels offrent des salaires différents

Les groupes socioprofessionnels se distinguent par la structure de leur emploi et par conséquent par les niveaux moyens de salaire.
Les salaires moyens sont plus faibles dans le groupe socioprofessionnel où la surreprésentation des femmes est maximale (les employés) et plus élevés dans le groupe socioprofessionnel où les hommes dominent largement (ouvriers). L’écart de représentation correspond à l’écart entre la proportion de l’ensemble des femmes travaillant dans le groupe et la proportion de l’ensemble des hommes travaillant dans le groupe. Les valeurs négatives correspondent à des groupes socioprofessionnels où les hommes sont surreprésentés ; les valeurs positives indiquent le contraire.
Ainsi, les employés gagnent en moyenne 55 € par jour contre 58 € pour les ouvriers. Par ailleurs, chez les cadres, la surreprésentation masculine est certes moins importante (elle est de l’ordre de 3 %) mais les salaires moyens sont beaucoup plus élevés (environ 137 € par jour pour un cadre en moyenne en 2018).

Évolution moyenne des écarts
de salaire
Tous salariés confondus
Salariés à temps plein
Salariés à temps plein, contrôlé de l'âge et du groupe socioprofessionnel
Cette répartition inégale explique une part de l’écart salarial

Cette ségrégation professionnelle explique une petite partie des écarts de salaire moyen entre les femmes et les hommes : en 2018, les écarts salariaux passent de 16 à 13 % lorsque sont prises en compte ces différences de composition pour des salariés travaillant à temps plein. Ces écarts de salaire sont ajustés en prenant en compte spécifiquement la structure de l’emploi et d’âge des travailleurs.Les écarts de salaire contrôlés sont obtenus en calculant tout d’abord les écarts de salaire entre les femmes et les hommes au sein de chaque groupe d’âge et de groupe socioprofessionnel. L’écart agrégé est ensuite obtenu comme la moyenne des écarts par groupe pondérés par le poids de chacun de ces groupes une année donnée.
En pratique, c’est la structure de l’emploi qui explique la baisse observée en 2018, l’âge jouant peu.

Part de la catégorie
socioprofessionnelle par sexe
Femmes
Hommes
Au sein d’un groupe professionnel, des différences importantes de métier exercé

À un niveau plus fin, chaque groupe socioprofessionnel peut être décliné en différentes catégories socioprofessionnelles : les professions intermédiaires regroupent des catégories socioprofessionnelles au profil plus varié que le groupe des cadres par exemple et l’écart salarial moyen peut en être affecté.
En 2018, les femmes sont beaucoup plus concentrées dans quelques catégories socioprofessionnelles alors que les hommes occupent des emplois plus variés.

Écart de représentation et salaire
moyen par catégorie socioprofessionnelle
Des salaires en moyenne plus bas pour les métiers féminisés

Si l’on s’intéresse aux métiers pour lesquels les écarts de représentation sont les plus importants, on s’aperçoit que les métiers les plus représentés parmi les femmes offrent des salaires inférieurs aux salaires dans les métiers les plus représentés parmi les hommes.L’écart de représentation correspond à l’écart entre la proportion de l’ensemble des femmes travaillant dans un métier et la proportion de l’ensemble des hommes travaillant dans un métier. Les valeurs négatives correspondent à des métiers où les hommes sont surreprésentés ; les valeurs positives indiquent le contraire.

Ainsi, parmi les cinq métiers les plus surreprésentés chez les femmes (en particulier les employées administratives d’entreprises), le salaire moyen est de 63 euros par jour ; au contraire parmi les cinq métiers les plus surreprésentés chez les hommes (en particulier les ouvriers qualifiés, les ingénieurs et cadres techniques), le salaire moyen est de 82 euros par jour.

Évolution moyenne des écarts
de salaire
Tous salariés confondus
Salariés à temps plein
Salariés à temps plein, contrôlé de l'âge et de la catégorie socioprofessionnelle
Le temps partiel et les professions expliquent-ils toutes les inégalités ?

En 2018, les françaises gagnent 24 % de salaire en moins que les français. 8 points de cet écart sont imputables à des différences de temps de travail. En prenant en compte l’écart imputable à l’âge et aux catégories socioprofessionnelles, une femme perçoit toujours en moyenne 12 % de salaire en moins qu’un homme.

Ces différences de temps de travail et de métiers, qui rendent compte d’une part importante des inégalités de salaires entre femmes et hommes, reflètent des inégalités sociales fortes, tout au long de la vie. Très tôt déjà, les filles font des choix de parcours scolaire différents de ceux des garçons, qui les conduisent à des métiers moins rémunérateurs.

Comment expliquer finalement l’écart restant de 12 % ? Certains facteurs, plus difficilement mesurables, comme les discriminations (embauche, salaire, promotion, etc.), ont un rôle dans la détermination de cet écart.

D’autres facteurs, comme la parentalité ou la mobilité entre professions ou entre entreprises, pénalisent les femmes dans l’accès à des emplois plus rémunérateurs.
 
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